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MAIL ART / art postal : qu'est-ce ?
L'Art Postal existe depuis que le timbre, l'enveloppe sont apparus.
C'est un échange épistolaire, hors-les normes, où l'enveloppe devient le support d'une peinture, d'un dessin, d'un collage. On peut envoyer par la poste un objet insolite comme une chaussure, un bout de bois, un éventail, etc…
Il suffit de mettre le timbre correspondant au poids de l'objet et l'adresse complète, puis de glisser l'envoi dans une boîte aux lettres de la poste. Mais, attention, l'objet doit voyager sans emballage, sinon il n'est pas considéré comme de l'art postal.
Ray Johnson, du mouvement Fluxus, dans les années 60 a fixé les règles du Mail Art :
# appels à participation internationaux pour organiser des expositions;
# choix d'un thème avec une date limite d'envoi (deadline);
# exposition de tous les courriers sans sélection (des non-artistes peuvent y participer et sont exposés avec des artistes connus sans faire de différence);
# les courriers artistiques ne peuvent pas être vendus;
# c'est du troc : je t'envoie un Mail Art, en échange, tu m'envoies un des tiens;
# après l'exposition chaque participant reçoit, au minimum, le listing de toutes les adresses, une coupure de presse avec un article sur l'exposition, un catalogue avec des reproductions si on a un gros budget.
(Aujourd'hui, on peut recevoir un CDrom, ou sur internet, un site Mail Art peut héberger les images des courriers et le listing)
Ray Johnson a inventé ces règles pour contrecarrer la marchandisation de l'art par les galeries, les musées, et pour rapprocher l'art de la vie (idées du mouvement Fluxus). Chaque personne engagée dans le Mail Art est
Deux festivals donnent à voir du Mail Art dans le sud-est de la France : "Les Correspondances de Manosque" et "Les Correspondances de Grignan".
Les chercheurs en histoire de l'art s'intéressent au Mail Art pour étudier ses comparaisons avec internet et les réseaux sociaux. Ils nous présentent le Mail Art comme l'ancêtre de ceux-ci.
UN PEU DE RÉSISTANCE, ça fait du bien…
On aurait ou penser que la communication avec le network allait faire disparaître le Mail Art. Mais l'être humain ne peut vivre uniquement dans ce rythme infernal de l'espace-temps immédiat, dicté par l'invention de la toile informatique.
PRATIQUER LE MAIL ART DONNE UNE AUTRE VISION DU TEMPS, CELUI DU VOYAGE DE LA LETTRE PLUS OU MOINS LONG
Nous sommes dans l'attente, le désir, le rêve, parfois même l'oubli (l'envoi de la réponse peut être très tardive), la surprise (de trouver dans sa boîte aux lettres, un an après, le catalogue d'une exposition à laquelle vous avez participé).
C'EST AUSSI LA LIBERTÉ DE JOUER AVEC LES LIMITES DE L'INSTITUTION LA POSTE
Or, ce Mail Art, qui déborde de l'enveloppe, avec des parties en 3D, ce n'est pas juste pour faire sourire ou pour faire joli.
Ce genre d'envoi oblige le tri à la main.
C'est un acte militant, contre le remplacement des êtres humains par des machines et contre la privatisation de la Poste.
C'EST AUSSI LA DÉSACRALISATION DE L'OEUVRE
En l'envoyant par la Poste, on prend toujours un risque : s'en détacher, la voir partir ailleurs, en sachant que peut-être elle n'arrivera pas à destination (rarement) sans savoir exactement ce qu'elle va devenir…
La force et l'unité du Mail Art se font dans le collectif, non seulement avec les expositions mais aussi avec des sortes de "cadavres exquis" appelés par Ray Johnson "Add and Pass".
Avec Georgio, nous sommes en échanges beaucoup, depuis les années 1995-1996. Le courrier (carte postale ou carnet) fait des aller-retours avec un timbre à chaque voyage. Nous n'avons aucune règle. Nous nous autorisons à retravailler les parties de l'autre jusqu'à même les effacer. Allant de surprise en surprise, nous cessons de le faire voyager, en estimant qu'il est achevé, quand, visuellement, texte et image nous satisfont. Ainsi, chacun conserve, chez lui, une partie de ces courriers collectifs.
En 1999, aux "Nuits de la Correspondance" de Manosque, j'ai proposé (avec Georgio et d'autres mail- artistes d'exposer ces envois collectifs : ce fut un succès. Il m'a permis d'organiser durant plusieurs années des appels internationaux d'envergure, constituant ainsi de passionnantes expositions ou archives.
Il n'y a pas une seule manière de pratiquer le Mail Art avec un réseau unique. Il existe de nombreux réseaux et les pratiques sont encore plus complexes que ces explication.
Pour conclure, Ray Johnson disait que "le Mail Art, c'est secret, il faut le pratiquer pour le comprendre".
Une petite bibliographie (pour trouver des courriers de GEORGIO BELLOCCHI et/ou MARIELLE CONTE et des explications sur le Mail Art en général) :
- L'enveloppe illustrée de 1750 à nos jours, Pierre Stéphane Proust, éd. Normandie Terre des Arts.
- Chroniques errantes et critiques n°27, 35, Atelier de l'Agneau éd.
- La plupart des n° de la revue Plumes, où l'on trouve des reproductions de nos courriers, mais surtout de très bons articles sur le Mail Art, sur Ray Johnson.
- La revue Hey! n°11 sept 2012 (Ankama éd.) vient de reproduire des peintures/matrices de Georgio (son travail personnel en dehors du Mail Art). "
La force et l'unité du Mail Art se font dans le collectif, non seulement avec les expositions mais aussi avec des sortes de "cadavres exquis" appelés par Ray Johnson "Add and Pass".
Avec Georgio, nous sommes en échanges beaucoup, depuis les années 1995-1996. Le courrier (carte postale ou carnet) fait des aller-retours avec un timbre à chaque voyage. Nous n'avons aucune règle. Nous nous autorisons à retravailler les parties de l'autre jusqu'à même les effacer. Allant de surprise en surprise, nous cessons de le faire voyager, en estimant qu'il est achevé, quand, visuellement, texte et image nous satisfont. Ainsi, chacun conserve, chez lui, une partie de ces courriers collectifs.
En 1999, aux "Nuits de la Correspondance" de Manosque, j'ai proposé (avec Georgio et d'autres mail- artistes d'exposer ces envois collectifs : ce fut un succès. Il m'a permis d'organiser durant plusieurs années des appels internationaux d'envergure, constituant ainsi de passionnantes expositions ou archives.
Il n'y a pas une seule manière de pratiquer le Mail Art avec un réseau unique. Il existe de nombreux réseaux et les pratiques sont encore plus complexes que ces explication.
Pour conclure, Ray Johnson disait que "le Mail Art, c'est secret, il faut le pratiquer pour le comprendre".
Une petite bibliographie (pour trouver des courriers de GEORGIO BELLOCCHI et/ou MARIELLE CONTE et des explications sur le Mail Art en général) :
- L'enveloppe illustrée de 1750 à nos jours, Pierre Stéphane Proust, éd. Normandie Terre des Arts.
- Chroniques errantes et critiques n°27, 35, Atelier de l'Agneau éd.
- La plupart des n° de la revue Plumes, où l'on trouve des reproductions de nos courriers, mais surtout de très bons articles sur le Mail Art, sur Ray Johnson.
- La revue Hey! n°11 sept 2012 (Ankama éd.) vient de reproduire des peintures/matrices de Georgio (son travail personnel en dehors du Mail Art). "
Marielle CONTE
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